Voilà quelque temps que je n’ai pas posté d’article. En effet, j’ai du un peu travailler pour me donner de la matière à écrire !
Après avoir parlé de l’écoute du marché, j’estime qu’il faut accorder une grande importance au « faire ». L’idée même de se lancer dans l’aventure entrepreneuriale correspond, pour moi en tout cas, à une quête de sens. Je veux développer, construire et surtout matérialiser une idée. Dans cette recherche, le tout n’est pas de réfléchir, de faire des présentations ou encore de beaux tableurs, mais il faut se remonter les manches et faire de ses mains.
N’étant pas particulièrement doué, j’ai tout de même décidé de fabriquer mon propre cadre de vélo, mon premier cadre. Ce sera un cadeau pour Elisa, ma compagne !
Sans équipement ni expérience je me suis tourné vers la famille des cadreurs. Ce sont des artistes, des artisans et naturellement, des passionnés du vélo. Leur job : vous fabriquer un cadre sur mesure à partir de matériaux de qualité. Plus d’infos ici : https://www.associationartisansducycle.com/les-artisans.
Il sont peu nombreux en France, une trentaine, et encore moins à proposer des stages. Je me suis tourné vers Quentin Polizzi de l’Atelier des Vélos (https://www.atelierdesvelos.com). Basé à Jujurieux dans l’Ain, il m’a accueilli pendant une grosse semaine dans son atelier. Ambiance murs de pierre bruts et cadres de vélos suspendus. Exactement l’idée qu’on pourrait se faire de son atelier de rêve.
Arrivé le lundi 9h, on attaque immédiatement avec la préparation des tubes en acier Zona (fin, léger et resistant), prise des côtes, découpes des interfaces pour que, par exemple, le tube de supérieur s’emboite parfaitement dans le tube de direction. Je rentre tout de suite dans le vif du sujet. C’est assez impressionnant. C’est un travail de précision au dixième de millimètre. Tout doit être calculé. Si j’enlève trop de matière, ma géométrie ne sera pas respecté, il faut un autre tube et recommencer.
Une fois les tubes en place, on va s’entrainer à souder, ou plutôt à braser. A l’aide d’un chalumeau, on chauffe le métal jusqu’à une température avoisinant les 950°C. On détecte les différentes températures de l’acier en observant les changements de couleur. Rouge, c’est la bonne température, jaune puis blanc c’est trop chaud, on arrive à la fusion.
Donc, chauffer, rougir, mettre le metal d’apport (alliage Argent + Laiton), retirer. Chauffer, rougir, mettre le metal d’apport (alliage Argent + Laiton), retirer…
Même si cela parait simple à écrire, à dire ou même à regarder Quentin faire, je vous assure que c’est loin d’être évident. Voyez vous même…
Mais, dès qu’on réussi à faire ne serait-ce que 5mm de cordon sans accroc, quel plaisir ! C’est une belle sensation.
Une fois la soudure réalisée, il reste encore beaucoup à faire. Limer toutes les bosses, les surplus pour avoir le cordon le plus régulier possible. Il faut du toucher, des sensations et de la technique. Il faut toujours visualiser son cordon, changer de lime en fonction de la position du cordon de soudure, de la quantité à limer, ne pas limer le tube au passage… Encore un travail de finesse. Et des cordons, il y en a !
Enfin, lorsque les cordons sont à peu près réguliers, on vient compléter les soudures avec une autre passe de brasure à 40% d’argent, qui fond beaucoup plus vite et vient encore lisser nos surfaces.
Et on recommence à limer, poncer, pour avoir une surface la plus jolie possible.
Je me suis concentré sur la soudure, car c’est peut être la partie la plus emblématique du travail de cadreur, mais c’est loin d’être suffisant. Il y a les contrôles de géométrie sur le marbre, la réalisation des pattes, l’ouverture du cadre pour permettre le montage de la courroie, le surfaçage de la douille de direction, le taraudage du boitier de pédalier, la découpe de la fente de serrage du tube de selle, la brasure interne pour la fourche et les bases arrières, la découpe de l’encoche pour pour le plateau dans les bases. Toutes ces opérations nécessitent toujours la même précision, la même finesse, la même exigence.
Et voilà, 6 jours bien remplis, j’ai mon cadre et ma fourche prêts à peindre !
Sans dévoiler tout de la formation et pour ne pas m’étaler pendant des pages, je vais conclure. Si je dois mettre un point en avant, c’est bien l’exigence à toutes les étapes du process. Le cadreur a un soucis permanent du détail. Rien n’est laissé au hasard, aucun élément dans la fabrication n’est pris à la légère. C’est un travail immense et immensément beau. Je ne suis pas peu fier d’avoir pu partager ce moment avec Quentin.
Cette expérience est un point clef dans mon aventure. C’est d’abord un pas concret dans le monde de la fabrication du vélo, mais c’est aussi une rencontre avec une personne de talent, capable de transmettre un savoir complexe.
Enfin, cela marquera le début d’une coopération avec Quentin sur mon projet de vélo 😉
— à suivre —
6 Comments
Salut Yan
content de voir que ton projet avance. Je suis de nouveau libre fin de ce mois. Si tu a un moment on boira ce café et on discutera de ton projet et je pourrais te parler de mes occupations actuelles.
Salutations
Philipp
Quelle belle aventure grand frère! Je suis fière de toi et Elisa aura la chance d’avoir ton premier vélo! Ça prend de plus en plus forme et on apprend bcp en te lisant.
Bisous bisous
Au top!!!
Quel beau projet, ça donne envie de lancer dans cette aventure.
Et puis… Ça peut aussi servir pour souder une ligne inox… ^^
Merci Rémy,
et ce n’est que le début 😉
bravo yan pas d’accord avec avec toi quand tu écris je ne suis pas doué
tu l es vraiment et surtout ne laisse personne prétendre le contraire
et enfin n oublies jamais que pour avancer il ne faut pas hésiter à sortit du cadre
??
Merci Henri !
D’accord avec toi, le cadre n’est pas une barrière !